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La nécessité de tiers-lieux agricoles et alimentaires : des villes aux campagnes

Espaces hybrides et citoyens, les tiers-lieux agricoles et alimentaires réinventent nos manières de produire, consommer et faire société.

Table des matières

tiers lieux alimentaires - Darwin Bordeaux

Le concept de « tiers-lieu » a été théorisé dans les années 1980 par le sociologue américain Ray Oldenburg. Dans son ouvrage The Great Good Place (1989), il développe l’idée de lieux intermédiaires — entre le domicile (le premier lieu) et le travail (le deuxième lieu) — où se tissent les liens sociaux, la démocratie, l’altérité. Il s’inquiète alors de la fragmentation des banlieues américaines et du risque de perte de communauté.

 

Depuis, la notion de tiers-lieu a été largement enrichie, hybridée, parfois galvaudée, mais elle continue de désigner des espaces pensés pour le collectif, la coopération, l’expérimentation. En France, leur essor est indéniable : le dernier recensement de l’ANCT (2023) estime à plus de 3 500 le nombre de tiers-lieux actifs sur le territoire, avec une reconnaissance officielle à travers le programme gouvernemental « Nouveaux lieux, nouveaux liens » et le label « Fabrique de territoire ».

 

Allant du coworking aux Fab Labs, en passant par les ateliers partagés, les lieux nourriciers ou les cafés associatifs, les tiers-lieux sont par essence pluriels. Certains parlent d’“écosystèmes positifs”, à l’image du Wide Open Project, tant leur nature est mouvante et leur potentiel transformateur immense. 

Ce sont des lieux ancrés dans leur territoire, portés par une dynamique citoyenne, avec un même moteur : le “faire ensemble”.

tiers lieux alimentaires - illustration mathilde 1
Illustration Mat, la vie à croquer

Des laboratoires pour une agriculture et une alimentation en transition

Produire autrement, collectivement

Face aux limites de l’agriculture industrielle et à la nécessité de garantir notre souveraineté alimentaire, certains tiers-lieux agricoles réinventent les façons de produire, de transmettre, de distribuer.

 

L’écolieu Jeanot, dans les Landes, animé par l’association C Koi Ça, en est un exemple inspirant. Depuis plus de dix ans, il explore les voies de la transition agricole, écologique et sociale à travers des formations en permaculture, des résidences artistiques, un accompagnement aux porteurs de projets agricoles et une production maraîchère en vente directe. Un lieu ancré, nourri par l’éducation populaire et la volonté de faire société autrement.

Recréer du vivant en ville

Aujourd’hui, plus de 80 % de la population française vit en zone urbaine. Relocaliser la production alimentaire devient alors un enjeu majeur. Cela passe notamment par la réintroduction de l’agriculture en ville, dans une logique de reconnexion au vivant, plus que de rentabilité.

L’association Zone-AH! milite dans ce sens depuis 2014, en accompagnant la création de tiers-lieux urbains dédiés à l’agriculture : fermes aquaponiques, houblonnières urbaines, tiers-jardins ou encore microfermes expérimentales. Leur objectif : tester, transmettre, co-créer avec les habitants, dans une dynamique de métabolisme urbain.

 

Autre projet exemplaire : Le Grand Comestible, porté par Alimentation Générale à Paris, dans le cadre de l’appel à projet « Réinventer Paris ». Ce lieu multifonctionnel mêlera culture alimentaire, agriculture urbaine, innovation sociale, pédagogie, art culinaire et street art… Une vraie fabrique d’idées, au croisement de l’alimentation durable et de la ville créative.

Accompagner l’innovation alimentaire

À Nanterre, Le Château, lieu emblématique de la transition alimentaire porté par Yes We Camp et Foodentropie, accueille depuis 2017 des initiatives concrètes autour de l’alimentation durable. Son potager nourricier est cultivé collectivement, sa cantine pédagogique initie à la cuisine de saison, et son espace d’innovation culinaire accueille chercheurs, entrepreneurs et habitants. C’est un véritable catalyseur de projets pour penser et expérimenter autrement la chaîne alimentaire.

tiers lieux alimentaires - illustration mathilde 2

Des leviers de lien social et de cohésion territorial

Tiers-lieux et démocratie alimentaire

À Montréal, le Santropol Roulant illustre ce que peut devenir un tiers-lieu alimentaire : un centre communautaire vivant, intergénérationnel, inclusif. Chaque jour, bénévoles et salariés préparent des repas issus des toits potagers et les livrent à vélo à des personnes âgées isolées. Mais ce n’est qu’une des facettes de ce lieu qui propose aussi des ateliers de jardinage, des animations, des marchés de proximité… Un tiers-lieu où la sécurité alimentaire est synonyme de justice sociale.

 

En France, des projets similaires voient le jour. À Bordeaux, le Darwin Écosystème expérimente depuis 2020 la ZAUÉ (Zone d’Agriculture Urbaine Expérimentale). En regroupant plusieurs initiatives de permaculture, d’apiculture ou d’aquaponie sur un même site, cette zone met à disposition des outils, accompagne les porteurs de projet et encourage la mise en réseau. Une vision open source pour essaimer des pratiques vertueuses.

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Le tiers-lieu nourricier comme outil pédagogique

À Sainte-Foy-la-Grande, l’association Les Râteleurs propose un autre modèle : le tiers-lieu nourricier. Elle ouvre les cuisines collectives aux habitants pour transformer les surplus agricoles locaux, propose des ateliers de cuisine et d’autoproduction, et œuvre à reconnecter chacun à son alimentation. L’objectif est simple : faire société autour de pratiques alimentaires accessibles, saines, écologiques et collaboratives.

Rendre vivants les territoires ruraux

On aurait tort de croire que les tiers-lieux sont une affaire de grandes villes. En zones rurales ou périurbaines, ils sont tout aussi essentiels.

 

Le 100e Singe, aux portes de Toulouse, en est un parfait exemple. Ce tiers-lieu mi-ferme, mi-coworking, accueille un espace test agricole et accompagne les néo-paysans à s’installer en maraîchage. Le travail y est pensé comme enraciné dans un lieu, dans un vivant. Un modèle qui inspire d’autres territoires.

 

Autre projet à suivre : Le Pré-Vert à Rabastens (Tarn), lieu de travail partagé et d’initiatives citoyennes, accueille aussi bien des professionnels du territoire que des habitants dans une dynamique d’agriculture, de cuisine et de culture partagée.

tiers lieux alimentaires 100e singe

Les tiers-lieux, piliers d’une révolution silencieuse

Les tiers-lieux alimentaires sont des révélateurs. Ils traduisent une volonté grandissante de reprendre la main sur nos systèmes agricoles, de recréer du lien entre ceux qui produisent et ceux qui consomment, de faire des lieux des outils d’émancipation.

Face à l’urgence climatique, aux crises agricoles, à la précarité alimentaire, ces lieux hybrides, ouverts et vivants apparaissent comme des leviers concrets pour transformer notre rapport à l’alimentation.

Ils sont des écosystèmes fertiles — et fertiles, ils le sont à tous les niveaux.

Chez Gourmand & Engagé, nous suivons de près l’évolution des tiers-lieux agricoles et alimentaires, véritables catalyseurs de transitions dans les territoires. Si vous portez un projet de tiers-lieu et cherchez à structurer votre communication, définir une identité visuelle forte ou valoriser vos actions, nous serions ravis de vous accompagner dans cette démarche.

Image de Mathilde Bouterre

Mathilde Bouterre

Consultante en marketing & communication responsables

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